
Chateau du Vieux-Moulin.
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19ème édition des Journées
du Patrimoine
Patrimoine et transports à Rambouillet
Le château du Vieux-Moulin

Le massif forestier de Rambouillet et l'étendue fertile
de la plaine à une distance raisonnable de Paris excitent
la convoitise des investisseurs. Avide de placements spéculatifs
dans cette région où l'activité cynégétique
est de tradition, la bourgeoisie d'affaires se laisse tenter à
partir des années 1850 par la gestion et les perspectives
de valorisation de biens agricoles.
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Elle participe directement à l'essor cynégétique
régional, développant une industrie à part
entière qui alimente longtemps à Rambouillet tous
les corps de métiers, du grainetier à l'armurier,
sans oublier le tailleur ni le bourrelier. Dans un rayon proche,
puis en périphérie urbaine à partir des années
1900, c'est une véritable constellation de châteaux
de chasseurs que l'on voit s'inscrire dans le paysage, autour de
la cité présidentielle. L'un d'eux, le château
suburbain du Vieux-Moulin, est l'œuvre de l'architecte parisien
François-Charles Morice. Il est érigé entre
1906 et 1909 pour le baron de la Salcette (ou Salsett), ce chasseur
mondain convié le 1er novembre 1907 à un rassemblement
de grands fusils du voisinage, chez Eugène Thome à
Pinceloup (Sonchamp). Le chantier mobilise près de 350 ouvriers,
parmi lesquels l'entrepreneur de maçonnerie Pailleau, Arthur
Aube pour la couverture et la plomberie, Prompsaud pour le chauffage.
Lambert, ingénieur des jardins de Paris, signe le dessin
du parc.
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Tous les articles de Patrimoine et transports à Rambouillet.
• La
Millière
•
L'Hôtel de la Motte
• Le
Relays du château
• Le
Pavillon du Verger
• La
maison du serrurier du roi
• L'église
Saint-Lubin
• Le
Rambolitrain ou l'histoire du train jouet
• La
Société historique et archéologique de Rambouillet et de l'Yveline
• La
gare de chemin de fer
• La
maison d'Emile Behague
• Le
château du Vieux-Moulin
• La
ferme de Grenonvilliers
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Chateau du Vieux-Moulin. Le pigonnier. Collection
Thierry Liot.
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Chateau du Vieux-Moulin. |
Le Vieux-Moulin est une parfaite
illustration du régionalisme de villégiature s'imposant
un peu partout à la Belle Epoque, tant à Rambouillet
même que dans le massif forestier (Gambaiseuil, Pincourt à
Saint-Léger) ou encore en Sologne. Sans réelle référence
à l'architecture vernaculaire locale, ce courant met en scène
les briques et les céramiques de l'industrie courante, les
pans de bois normands, les baies et bow-windows d'Outre-Manche.
Le principe du plan asymétrique, des volumes articulés
et des silhouettes animées se vérifie également,
avec des variantes, aux châteaux du Petit-Parc (La Louvière)
et de la Grange-Colombe. Le toponyme adopté par le baron réactive
le souvenir d'un ancien moulin à vent du 18ème siècle,
dont l'emplacement voisin peut être actuellement localisé
à la pointe des rues Lenotre et de l'Etang d'Or.
Le domaine abrite de nos jours l'Institut international de Rambouillet.
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Châteaux et transports aux 19ème et 20ème
siècles. Rappelée par la borne d'entrée
du château du Vieux-Moulin indiquant " Paris (à)
48 kil 700 ", la proximité de Rambouillet avec la capitale
est totalement acquise depuis l'ouverture en juillet 1849 de la
voie ferrée reliant Versailles à Chartres. L'impact
du chemin de fer sur la multiplication des chantiers de châteaux,
en autorisant une plus grande mobilité et une plurirésidentialité
partagée entre la ville et la campagne, est certain : grâce
au rail " ce n'est plus du château du 19ème siècle
qu'il faut parler, mais des châteaux (1) ". Son utilité
est telle que le comte de Fels s'assure les services des Chemins
de fer de l'Ouest pour se faire livrer à Voisins, près
de Rambouillet, la pierre de Méru nécessaire à
la reconstruction de sa demeure ; cela à partir d'une déviation
de la ligne et de l'aménagement d'un quai dans le parc. Vers
1900, l'automobile fait son apparition dans l'activité quotidienne
des châtelains, et les remises sont alors converties en garages.
Le comte Félix-Nicolas Potocki, constructeur de l'actuel
château de la Grange-Colombe, possède une "grande
automobile fort bien conditionnée (2) ", qui transporte
en 1898 quinze chasseurs à la battue de perdreaux de Jonvilliers,
où le président Félix Faure est invité.
Dans un article d'octobre 1910 baptisé L'Automobile au service
du château, Paul Meyan démontre la nécessité
de ce luxueux moyen de transport : " A l'usage des châtelains
d'abord, une limousine et un phaeton, pour les excursions dans les
environs, les courses à la ville voisine, les visites aux
châteaux de la région (…). Le service (…)
(des) invités entraîne l'emploi de voitures spéciales
(…).
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Un article paru dans Fermes et châteaux en 1910 s'interesse
aux rapports de l'automobile avec le château. Collection
Thierry Liot. |
Il faut aller les chercher à
la gare quand ils arrivent et les y ramener le jour de leur départ.
Ces invités arrivant par un même train peuvent être
assez nombreux et apportent avec eux un bagage trop considérable
pour le mettre sur le toit de la limousine. Le garage du château
comptera donc un omnibus à six places au moins avec galerie,
dans le genre des omnibus que certaines compagnies de chemin de fer
viennent de mettre en service dans leurs gares. Si, parmi les invités,
se trouvent seulement deux ou trois élégantes, le nombre
des malles et des caisses à chapeaux devient tout de suite
tel que le toit de l'omnibus serait incapable de supporter pareil
poids et pareil volume. Il faudra, en conséquence, ajouter
à l'omnibus un camion destiné au seul transport des
marchandises. Ces deux véhicules serviront aussi pour le transport
des chasseurs et des chiens. Mais le service des invités et
des châtelains eux-mêmes n'est pas le seul qui demande
à être assuré, pratiquement et vite. Les approvisionnements
d'une table bien servie, d'un personnel nombreux, nécessitent
le voyage quotidien du maître ou de la maitresse-coq au marché
de la ville. C'est une petite voiturette souple et rapide qui, chaque
matin, conduira le cordon bleu et le ramènera amplement fourni.
Deux places seulement et un grand coffre à l'arrière
pour contenir les provisions, composeront la carrosserie. Cela remplace
le petit tonneau attelé d'un poney qui, jadis, était
chargé de ce service (...). En récapitulant, nous voyons
donc que l'automobile, au château, est représentée
par une limousine, un phaeton, un omnibus, un camion, une voiturette
(…). Dans les dépendances, la place ne manque pas pour
installer un garage spacieux, éclairé, muni de l'outillage
nécessaire pour les réparations courantes (3) ".
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(1) Loyer (F.), " Châtelains et châteaux
aux XIXème siècle dans l'Ouest de la France ",
Arts de l'Ouest, juin 1978, p. 55.
(2) Blécon (J.), " La Grange-Colombe ", Les Cahiers
de la Savre, n° 15, 1997, p. 23.
(3) Meyan (P.), " L'Automobile au service du château
", Fermes et châteaux, n° 62, 1910, p. 50.
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Fiche réalisée à l'occasion de la 19ème édition des Journées
du Patrimoine, sous l'égide de la direction du développement
culturel de la ville de Rambouillet.
Directeur de la publication : Jocelyne Bernard, Directeur
du livre et des archives.
Conception et réalisation : Thierry Liot, Chargé de mission
à la direction du développement culturel.
Tous droits réservés, Direction du développement culturel et Direction
du livre et des archives.
Clichés photographiques sans mention particulière : Collections
des archives municipales de Rambouillet (clichés Thierry Liot)
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Médiathèque Florian, 5 Rue Gautherin 78120 Rambouillet. Tel
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